Keep It Simple!

C’est ce que me disait Tony Allen, que ce soit sur scène, en studio d’enregistrement ou bien quand nous travaillions ensemble sur l’album « The Source ». Evidemment, si il le répétait à l’envie c’est bien parce que c’est tellement difficile, exprimer l’essentiel, ne pas s’éparpiller, sur-jouer, sur-arranger. Tellement naturel pour lui, tellement contraignant pour d’autres! Depuis des années il nous poussait, nous les membres de son groupe à développer nos projets. j’avais bien en tête quelque chose, forcement avec lui, malheureusement sa disparition inattendue en a décidé autrement.

Il a fallu un moment pour accepter son départ, accepter d’être une voix, trouver un nouveau chemin. L’envie de continuer le travail entamé ensemble, celui de mélanger des styles, des sons pour se les approprier et créer du nouveau, de l’authentique. L’envie aussi de rencontrer de nouvelles personnes, une autre énergie.

Après avoir écrit de la musique pour ce projet, j’ai demandé à mon ami Ben Rubin, musicien et producteur de m’aider à l’enregistrer. J’ai trouvé à NYC ce que je cherchais, un sentiment d’urgence, celle de faire, des musiciens généreux et investis. Je connaissais Jason Lindner, musicien que je suis depuis longtemps et c’est la première personne à laquelle j’ai pensé pour les pianos et synthétiseurs. Il a cette capacité à trouver des sons inédits et puissants, avec un jeu direct et sans fioritures. Pour la batterie, je ne voulais surtout pas un musicien dont le jeu peut s’approcher de près ou de loin à celui de Tony. Ben m’a suggéré Josh Dion, je le suis aussi depuis son projet « Paris Monster », j’adore son habilité à faire sonner sa batterie comme un nouvel instrument en jouant du synthé basse, à la main droite, ça le force justement à rester simple! Il joue d’ailleurs 2 morceaux en mode batterie/synthé sur l'album. Nous avons donc enregistré au studio Figure8recording à Brooklyn, Eli Crews assurant la prise de son, nous avons décidé avec Ben de créer un son puissant et assumé dès la prise. Beaucoup de partis pris sur les timbres, que ce soit sur la batterie et les claviers.

De retour dans mon studio à Paris, j’ai continué à chercher, creuser en enregistrant des saxophones additionnels, des percussions et des claviers.

Keep it simple?

Difficile mais je cherche à le rester sur toutes les phases d’évolution de ce projet, de l’écriture à la production, dans les parties d’improvisations. Là où je le ressent le plus, c’est dans la joie immédiate de jouer avec avec Jason et Josh, de trafiquer quelques sons dans mon studio pour créer de l’inattendu, de la surprise dans les structures, de l’authenticité. Simple comme l’envie d’aller vers quelque chose d’essentiel, de se chercher, de se trouver, de douter mais aussi de s’inventer.